vendredi 19 avril 2024

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Une mémoire de roi de Mathieu Burniat et Sebastien Martinez

Une mémoire de roi aux éditions Premier Parallèle
Titre: Une mémoire de roi
Auteur: Mathieu Burniat (dessin et scénario) et Sebastien Martinez (scénario)
Éditeur: Premier Parallèle
Année: 2018
Nombre de pages: 150
 
Résumé :
 
Le jeune Roi de Léthésie relativement stupide et inculte reçoit une invitation pour un bal organisé par la belle princesse Angeline de Monaco.
Celui-ci s’éprend aussitôt de la demoiselle et entreprends de se rendre à ce bal qui aura lieu dans deux semaines, au grand dam de ces suivants serviteurs Hector et Hectorette, …euh… Non… Je me souviens, c’est Jasmine et Edouard, qui voyant en lui un être ignare affichant son étroitesse intellectuelle, pensent qu’il défavorisera ainsi la réputation du royaume.
Que faire alors ?
C’est là que rentre en jeu un certain Simonide de Céos, mandaté par Jasmine, pour changer notre Roi en illustre sage, en moins de quinze jours simplement en travaillant sur sa mémoire.
Simonide livrera ainsi à ce bon roi, ainsi qu’aux humbles lecteurs de ce livre, des techniques de base simples mais efficaces pour apprivoiser et améliorer la mémoire.

Mon avis :


Voilà une Bd plutôt surprenante avec une association d’auteur que l’on n’attendait pas.
D’un côté l’excellent dessinateur  Mathieu Burniat grand passionné des sciences et de la gastronomie, on lui doit notamment la magnifique BD « la passion Dodin-Bouffant » mais aussi « le mystère du monde quantique » etc…, et de l’autre Sebastien Martinez, un « monstre » multiple champion de France de mémoire.
Au-delà de cette association d’auteurs peu commune, le livre en lui-même est construit sur un ton humoristique mais restant en soi très sérieux et instructif.
C’est une sorte de manuel bien cool pour la mémoire

Une mémoire de roi aux éditions Premier Parallèle page 54
Page 54 de la BD

Le dessin :


Le dessin de Mathieu Burniat, pour ce récit, est dans un style comique, caricatural et jovial, simple et tout en rondeur.
Le trait léger et moderne, fin et plutôt élégant est particulièrement bien adapté au style comique.
Les backgrounds sont exempts de tout superflu. Mathieu Burniat va à l’essentiel et fait fi de détails pouvant accaparer l’attention du lecteur.
Il focalise ainsi admirablement bien sur les sujets traités par le texte afin que notre petite tête s’en souvienne.
L’humour est omniprésent, autant visuel que scénaristique, et contribue fortement à apprécier le sujet (qui peut paraître rébarbatif à première vue).
Les situations incongrues dessinées font preuves d’une imagination débordante, et bien évidement font leurs petits effets car le lecteur s’en rappellera.
Les couleurs sont sobres et bien choisies, et elle reste pour autant très lumineuses pour attirer notre regard.
La maîtrise des plans et de leurs enchainements donne un certain dynamisme et impose un rythme adéquat pour ne pas lasser le spectateur.
Les effets restent simples et passent presque inaperçus car encore une fois il ne faut pas perturber l’auditoire sous peine de lui faire subir un effet de rémanence (impliquant de fait son ennui).
Pour finir, Mathieu Burniat nous démontre encore une fois avec cet ouvrage son talent abouti de dessinateur. Tout est graphiquement et psychologiquement bien construit et particulièrement réfléchi pour que le lectorat accroche au sujet et surtout maintienne son attention !

Une mémoire de roi aux éditions Premier Parallèle page 106
Page 106 de la BD

Le scénario :


Le scénario et ses thèmes abordés sont une perle, bien que la trame soit simple et basique : un prince invité à une soirée se prépare du mieux possible pour séduire une belle princesse…
On y découvre beaucoup d’astuces et techniques d’aide à la mémorisation comme par exemple le « Major System ».
Et comme notre binôme d’artistes est d’un grand professionnalisme, il a la délicatesse de faire participer activement son public au travers de mise en application concrète des procédés expliqués.
Cela donne donc un aspect ludique et interactif fort appréciable au livre.
Le découpage est travaillé avec brio et nous gratifie de toute taille de vignette, avec ou sans bordures, mais surtout de superbes pleines pages.

Mais le grand tour de force des auteurs, au-delà de donner des méthodes et techniques pour améliorer et faire travailler sa mémoire, c’est d’y intégrer énormément de valeurs et morales.
Ainsi, par exemple, la liste de prix Nobels à retenir ne porte que sur des filles ce qui est un beau moyen de rappeler à une population machiste qu’ils sont bien loin d’être supérieurs à nos bienaimées compagnes.
La fin du livre ouvre aussi sur la diversité culturelle et invite au cosmopolitisme ce que j’apprécie vraiment beaucoup.
Tout au long du récit, une réflexion sur le respect d’autrui et ses bienfaits nous est suggéré au travers du regard du prince sur son personnel de maison évoluant en cours de route.
C’est vraiment du beau travail.

Une mémoire de roi aux éditions Premier Parallèle page 23
Page 23 de la BD

J’ai vraiment apprécié cette œuvre qui est accessible aux adolescents comme aux adultes.
C’est une belle lecture qui devrait être imposée dans les programmes scolaires, universitaire etc…


Ciao
Yann

En bonus, un petit interview de Sébastien Martinez et Mathieu Burniat sur TV5 Monde :
 

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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