jeudi 25 avril 2024

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Conférence de Presse du FIBD Angoulême 2014

Un mercredi matin à Paris, à la
limite du treizième arrondissement, se dresse devant moi l’imposant
bâtiment de l’Institut du Monde Arabe. Alors que je descends dans
les entrailles de l’immeuble, je me demande quel peut être le lien
entre cet endroit et le FIBD d’Angoulême 2014. Car c’est bien la
raison qui m’amène ici, participer à – enfin, plutôt m’asseoir et
écouter – la conférence de presse du prochain festival d’Angoulême.
Gentiment calfeutré au premier rang, j’attends l’ouverture des
hostilités. Et ça démarre avec une courte allocution de Jack Lang.
C’est là que tout s’éclaire. Jack Lang, soutien du FIBD à sa
création (et ça nous renvoie en 1982, mine de rien) est également
le président de L’Institut du Monde Arabe, ou IMA. La boucle est
bouclée. Ce qui permet d’évoquer un futur projet d’événement à
l’IMA sur la BD et l’Orient. La BD en Orient et la vision de l’Orient
dans la BD. Mais bon, cela nous éloigne du sujet. Notre ancien
ministre de la culture nous rappelle discrètement qu’il a soutenu et
aidé le festival BD Boum de Blois, dont il a été un temps le
maire. Mais bon, revenons au sujet. S’ensuit une valse de reportage
vidéo, présentation, invités sur le plateau qui viennent nous
raconter ce qui nous attend fin janvier 2014. 


Le festival part dans une nouvelle
décennie, (oui, c’est le quarante-et-unième) , et après un détour
ludique, revient vers un regard plus sérieux sur le monde. Tout en
n’oubliant pas d’être ludique ! Si vous le dites… Bref, cette
année, il y en aura pour tous les goûts ! Un peu comme l’année
dernière, mais différemment…


Willem est monté sur scène pour
présenter le trailer de l’exposition « La BD est dans la
rue ». Une expo ou un atelier itinérant ou… Je ne sais pas
exactement, la voix off de présentation ayant jugé bon de se
remplir la bouche de pierre avant de parler, et de baisser le son.
Comme ça, il était sûr d’être inaudible et au mieux, incompris.
Ok, donc, la BD sera dans la rue, et ça va bouger. Euh… bon. En
tout cas, à côté de ça, ce qui est sûr, c’est qu’il y aura une
exposition sur Willem, dessinateur de presse mais aussi auteur de
soixante-dix BD! Soixante-dix ? En plus des dessins de presse ? Il
produit à un rythme de Mangaka, notre Willem !


En parlant de Mangaka, l’Asie ne sera
pas oubliée. Et c’est bibi, votre serviteur adoré, qui en est tout
content. Au programme, dans le désordre et sans doute en oubliant
beaucoup de monde. Suehiro Maruo, auteur d’un travail récurrent sur
le sexe, la mort et le sang (baptisé Eroguro dans le dossier de
presse de la conférence), participera à une rencontre
internationale ! Notons aussi la présence de Li Kunwu, auteur de
« Les Pieds Bandés », qui viendra nous parler de la BD
en Chine. Une exposition va nous montrer comment Bong Joon-Ho est
passé de la BD le Transperceneige au film Snowpiercer (et si vous ne
l’avez pas vu, je me permets de vous dire de foncer le voir, le film
!). Une autre exposition, Coréenne celle-ci, «  Fleurs qui ne
se fanent pas », montrera les horreurs qu’ont vécues ces
« femmes de réconfort », ces filles enlevées et
employées de force par l’armée japonaise pendant la seconde guerre.
Des auteurs coréens et Taïwanais seront aussi présents pour parler
BD. La projection d’un film d’animation « Une histoire pas
encore finie », en avant-première ! Et l’espace dédiée
Little Asia sera encore présent en 2014. 


La Corée rend hommage aux femmes ; une
autre exposition « En chemin, elle rencontre… » montre
la mobilisation de la BD pour dénoncer les violences subies par les
femmes. Cette exposition est fondée sur le travail de longue
haleine de la maison d’éditions « Des ronds dans l’O ».
En effet, pour dénoncer cette violence sous toutes ses formes, la
maison a publié des recueils collectifs intitulés « En
chemin, elle rencontre… » et qui donnent, à juste titre, son
nom à l’exposition. Et pour rappeler que ces violences tombent sous
le coup de la loi et ne méritent que sanction, et même dures
sanctions, l’exposition se déroulera au Tribunal de Grande Instance
d’Angoulême. A voir pour réfléchir, soutenir et ne pas se dire que
cela date d’un autre temps… 


Mais il n’y aura pas que l’Asie à
l’honneur cette année à Angoulême. Une autre femme va monopoliser
l’attention. En effet, saviez-vous que la petite Mafalda a cinquante
ans, et que Quino, son auteur, fête ses soixante ans… de carrière
? Le ministre auprès de l’ambassade d’Argentine vient nous parler de
Quino, engagé politiquement, au point de fuir l’Argentine quand les
troubles politiques s’installent, pour continuer son travail à
l’étranger. Et Quino sera présent à Angoulême pour fêter ce
double anniversaire. 


Jean-Pierre Vernet, historien, est
monté sur l’estrade et nous a parlé de l’exposition « Tardi
et la Grande guerre ». Le but est de commémorer le centenaire
de la grande Guerre, sera mis en avant tout le travail de Tardi sur
cette période. Et Dieu sait s’il a creusé sa tranchée, Tardi.
Depuis des années ! Ce sujet le hante et hante son œuvre.
L’exposition mettra en avant les dessins de Tardi, mais aussi l’autre
pan créateur de cet homme, qui peint, sculpte et écrit !


A côté de ces expositions, de
nombreuses rencontres, conférences, ateliers, et une place, comme
chaque année, faite aux jeunes talents avec le pavillon jeunes
talents. 


Les chaînes de télévision seront
aussi présentes au festival. Notons d’abord la présence d’Arte dans
son partenariat avec le Professeur Cyclope. L’un et l’autre seront
bien là sur un stand, pour parler, de manière formelle dans des
rencontres et aussi de manière informelle sur le stand, des enjeux
de la BD numérique. Mais La chaîne franco-allemande ne s’arrête
pas là, puisque c’est en partenariat avec elle que seront diffusées
en exclusivité deux documentaires, « La Potion Astérix »
et « Super-Héros ». 


France Télévision ne voulait pas être
en reste, (enfin, là, c’est moi qui suppose), et Frédéric Taddéi
est venu lui-même nous faire une curieuse annonce. « Ce soir
ou Jamais » le six décembre sur France deux lancera un débat
lié à la BD, puis la parole sera donnée au public (comment, le
voile n’a pas été levé là-dessus) et finalement le débat
continuera à Angoulême. Mais pourquoi toute cette machine ? Quelle
question va-t-elle nous interpeller du six décembre au deux février
? Frédéric Taddéi lance le pavé dans la mare de Moulinsart : Y
aurait-il un nouvel album de Tintin en… 2053 ou 2054 ? En fait, à
la chute dans les droits publics de Tintin. Sérieusement, Un débat
sur le monde de la BD en 2054. Dans Quarante ans ? Est-ce que ça
intéresse quelqu’un ? Pas moi, en tout cas. Et puis, quand les
personnages de Jacobs, Greg, Peyo, Roba, Morris, entre autres, ont
continué leur vie après les décès de leurs créateurs, ça n’a
pas dérangé beaucoup de monde. Pourquoi tout d’un coup, ce réveil
autour d’un problème équivalent appelé à venir dans quarante ans
? Pourquoi ne pas se pencher sur des questions d’aujourd’hui. Ou au
moins sur ce problème, de manière plus général, relancé avec la
passation d’Astérix : « Nos héros de BD, voire même de
fiction, doivent-ils vivre après la mort de leurs créateurs ? »
Vaste question, qui mérite plus que ces quelque lignes dans cet
article. Enfin, laissons les intellectuels réfléchir à la
conjecture du monde de 2054 et revenons en 2013, à l’institut du
monde arabe, pour la conférence de presse d’Angoulême.


Je rajouterai, pour passer du coq à
l’âne, que le festival d’Angoulême ne serait pas lui-même sans ses
concerts dessinés. Barbara Carlotti se produira sur scène tandis
que Christophe Blain illustrera les mots et les musiques de Barbara
et son groupe. Attention, ce concert illustré ne sera pas sur le
thème de l’album musical que le deux compères ont réalisé
ensemble, « La Fille », mais sur d’autres chansons et
mélopées. A côté de cela, les concerts de dessins signés Areski
Belkacem seront toujours présents au théâtre d’Angoulême.


Et qui dit Angoulême dit sélections.
Oui, sélections avec un « S » : sélection officielle,
sélection Cultura (prix public), sélection polar, sélection
patrimoine, sélection jeunesse. Sans oublier la petite flopée de
prix , Prix BD scolaire, Prix jeunesse, Prix jeunes talents, Prix
Révélation blog, Prix des écoles d’Angoulême, Prix des collégiens
de Poitou-Charentes, Prix des Lycéens de Poitou-Charentes. Bon, la
liste de toutes les BD en compétition peut vous intéresser, alors
je vais faire simple : 


Toutes les BD en lice listées
en image sur le site du FIBD !
Voilà…


Mais tout ceci n’est qu’un infime (bon,
j’exagère peut-être un peu là) aperçu de ce qui vous attend du
trente janvier au deux février à Angoulême.


Petite info pour conclure : Kiss Kiss
Bank Bank sera partenaire cette année du FIBD. Où j’ai appris que
Kiss Kiss Bank Bank brasse dix millions d’euro pour tous les projets
déposés, toutes disciplines confondues, et seulement cinquante
mille sur des projets BD. Ce qui fait peu, surtout quand on sait que
sur Kickstarter, il y a vingt-cinq millions de dollars investis par
la communauté sur des projets de BD. Mais combien au total sur
l’ensemble des projets? Alors, la BD crowdfundée, une piste à
élargir ?


En bref, ce qu’il y a à retenir de ce
qui nous attend au quarante-et-unième FIBD, à mon avis, se résume
en une phrase. Même si vous dormez sur place et si vous êtes là
quatre jours pleins, vous n’aurez pas le temps de tout faire ; alors
préparez bien votre séjour à Angoulême, et une fois sur place,
foncez ! Et gardez une place pour les imprévus, les surprises, les
rencontres de hasard. Car, à mes yeux, c’est ce qu’il y a de plus
magique dans un festival…


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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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