mardi 16 avril 2024

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New-York Trilogie, l’intégrale – la chronique urbaine

couverture de "New-York Trilogie" par Will Eisner chez Delcourt
Titre:
New-York Trilogie
Auteur :
Will Eisner (scénario et dessin)
Éditeur :
Delcourt
Collection
: Comics
Année :
2018
Page
: 424

Résumé :

New-York.
La grande ville. Avec ses fenêtres, ses murs, ses rues, ses grilles
d’aération, son métro, ses immeubles… et ses habitants ! Au
travers de la grande pomme, ce sont ses hommes et ses femmes que l’on
suit le temps d’une minute ou d’une vie.

Mon
avis :

Le
scénario :

Will
Eisner nous offre une plongée vertigineuse dans la grande ville au
travers de trois BD, « la Ville », « L’immeuble » et
« Les gens » réunies ici en une seule, baptisée « New-York
Trilogie ». Trois BD sur trois tons différents mais recoupant
la même thématique.
La
première partie, « La Ville », part de thèmes communs aux
grandes villes: son métro, ses perrons, ses fenêtres et de nombreux
autres. Pour chaque thème, Will Eisner explore au travers d’une
courte saynète la vie qui gravite autour. Avec humour, tendresse,
dureté, émotion, ce sont toute une galerie de situations, de
portraits, d’être humains que l’on découvre. Et au travers eux, on
perçoit aussi comment la ville influence les gens. Un carnet de
croquis, bien plus poussé qu’un simple carnet de croquis d’ailleurs,
puisque l’auteur s’y met en scène en train de représenter les
caractéristiques de la grande ville, à savoir selon lui le temps,
l’espace, le rythme, conclut cette première partie.

La
deuxième partie, « L’immeuble », met en scène la
construction d’un nouvel immeuble. Et au travers lui, le destin de
quatre vies qui lui sont liées. Là aussi, drame de la grande ville,
autant chez des gens de petite condition que chez des gens riches,
quatre parcours pour expliquer comment quatre fantômes attendent
devant cet immeuble rutilant. Et un final tout en émotion.
La
troisième partie, « Les gens », nous fait découvrir le
parcours de différents personnages. Là aussi, parcours de vie ou
bien moment fort. Aboutissant parfois à des situations tragiques,
kafkaïennes, ces petits drames partant de faits insignifiants
prennent des proportions dramatiques. Quand le quotidien ronge petit
à petit jusqu’à aboutir à des conséquences incroyables.
Au
travers de cette trilogie, c’est le talent de conteur de Will Eisner
qui ressort. Certaines de ces histoires sont muettes et tout ressort
juste avec le graphisme. D’autres sont parlantes et les dialogues
font mouche au détour d’une phrase. Je ne peux que vous recommander
de prendre votre temps, car la lecture ce l’ensemble de ces trois BD
est assez conséquente. Savourer chaque tranche de vie, chaque récit,
s’arrêter sur un dessin le temps de voir comment Will Eisner met en
scène ses histoires, les poses qu’il choisit pour ses personnages,
se révèle tout aussi passionnant que l’histoire en elle-même. Car
il est bon de rappeler que Will est à l’origine de ce que l’on a
appelé aux Etats-Unis « Graphic Novel », la BD qui n’est
plus réservée uniquement aux enfants, mais qui touche les grandes personnes, au travers d’histoires fortes.
Comment
l’auteur utilise et applique ses recommandations et conseils exposés
dans les trois tomes de « l’Art séquentiel » est aussi un
vrai régal. Un régal narratif et visuel…

Le
dessin :

Car
Will Eisner raconte autant par le récit que par l’image. Il
déstructure les pages, joue sur la répétition, s’affranchit des
cases, se permet toutes les libertés, tout en nous offrant des
planches facilement lisibles et graphiquement fortes. Ayant passé
des années à croquer ses contemporains, ses galeries de
personnages sont touchantes. Regarder en trois dessins comment un
homme emporté par le flot de la foule finit par en épouser le
rythme et s’adapter est vraiment bien pensé.
page de "New-York Trilogie" par Will Eisner chez Delcourt
Les
techniques de dessin de Will sont aussi différentes d’un tome à
l’autre de cette trilogie. D’abord lavis de gris, travail au pinceau
puis fond hachuré avec un travail de trames manuelles. Discrètement,
sans s’en rendre compte, on passe d’une technique à l’autre au
travers des histoires. Et malgré ces modifications, on ne ressent
jamais le sentiment de rupture.
page de "New-York Trilogie" par Will Eisner chez Delcourt
Les
différentes parties de ce recueil sont séparées par de beaux
croquis crayonnés qui montrent déjà l’énorme précision du
travail de Will Eisner. La seule trace de couleur réside dans la
couverture. Mais quand on la regarde, on regrette presque que
certaines histoires ne nous soient pas présentées en couleur. Force
du noir et blanc dedans et magie d’un jour de soleil sur la
couverture. Un ciel bleu vert et la vie de la grande ville au travers
de cette foule bigarrée qui la composent.
Leçon
narrative autant que graphique.

Conclusion
:

Ce
recueil est indispensable pour tout amateur de BD, il vous fera
découvrir le travail d’un des grands du neuvième art. Et en même
temps, il vous fera ressentir la vision de Will Eisner de la grande
ville mais surtout de sa ville, New-York. Une grande ville et ses
habitants, peureux, lâches, amoureux, égoïstes, heureux,
pinailleurs mais si touchants parce que tellement humains.





Zéda
le long de l’Immeuble.
"L'IMMOBILE Y EST" Strip de Zéda pour illustrer chronique 7BD sur "New-York Trilogie" par Will Eisner chez Delcourt
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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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