samedi 20 avril 2024

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Les Fantômes de Ermo T1, la chronique libertaire

couverture de "Les Fantômes de Ermo T1" de Bruno Loth chez la Boîte à bulles
Série
: Les fantômes de Ermo

Titre:
T1

Auteurs :
Bruno Loth (scénario et dessin)

Éditeur :
La Boîte à Bulles

collection
: Hors-champ

Année :
2017

Pages
: 160





Résumé :

Ermo
est un jeune orphelin qui survit comme il peut dans les rues d’une
petite ville du sud de l’Espagne. Heureusement pour lui, Ermo n’est
pas seul, il est accompagné le plus clair du temps par les fantômes
de ses parents. Sa vie va basculer quand il décide d’aller voir les
représentations d’un magicien fraîchement arrivé en ville, Sidi
Adin. Le jeune garçon n’est pas au bout de ses surprises, car nous
sommes en juillet 1936 et bientôt va éclater la tristement célèbre
guerre d’Espagne…





Mon
avis :

Nous
suivons Ermo, mais à travers lui, c’est toute la guerre d’Espagne,
en tout cas, son commencement, que nous découvrons. Passager
clandestin dans le cirque itinérant du magicien Sidi, Ermo va
assister à la naissance du conflit.

La
trame de son histoire est au départ intrigante. En effet, Ermo ne
fait pas que voir des fantômes, mais d’autres phénomènes se
produisent dont nous vous laissons la surprise, apportant une bonne
dose de fantastique à ce récit. Mais par la suite, ces phénomènes
deviennent secondaires car d’autres personnages se rajoutent à
l’intrigue, Sidi et sa femme ou le couple Luz et Lecha, pour ne citer
qu’eux. Et au final, on s’attache également à toute cette troupe
disparate, tous convaincus d’une manière ou d’une autre que le
fascisme ne peut pas passer.

Au
travers de ces parcours multiples, c’est une histoire de l’Espagne
qui se dessine petit à petit. Comment d’un putsch militaire,
événement peu original à l’époque, on bascule dans une guerre
horrible – y a-t-il des guerres qui ne le sont pas ? -.

Cette
BD se lit aussi bien pour la petite que la grande histoire, même si
l’on croit à un moment que tous ces protagonistes ne semblent pas
vraiment en danger, la chance jouant souvent pour eux, on finit par
se rendre compte que c’était une douce illusion et que la mort rôde
et frappe, même en prévenant.


La
BD se déroule en deux tomes. A la fin de ce premier opus, vous
pourrez trouver une petite chronologie de la guerre d’Espagne, un
commentaire de l’auteur, des dessins et des photos d’époque.

Car
il faut noter que nous savons comment s’est finie la guerre, et c’est
ce qui est le plus dur à supporter dans cette histoire. Voir tant
d’espoir chez les personnages et savoir que leurs rêves vont se
heurter à la défaite pour finir broyés sous la dictature à venir,
c’est sans doute ce qui fait le plus mal au cœur. Car voir ces
protagonistes et leur destin, c’est repenser à toutes les victimes
innocentes de la guerre d’Espagne, adultes et enfants, et ça vous
tordra un peu les tripes. Car au côté des héros fictifs comme Ermo
ou Sidi, il y a des personnages historiques comme Durruti. Et les
gens qui payeront le prix du sang, réels ou fictifs, réveillent
forcément en nous des échos.

Mais
c’est sans doute pour cela qu’il faut remercier Bruno Loth qui a
porté ce projet en tant qu’auteur et dessinateur.


page de "Les Fantômes de Ermo T1" de Bruno Loth chez la Boîte à bulles

Noir et blanc, gris et rouge, contraste qui frappe tout de suite !


D’ailleurs,
en tant que dessinateur, il se fend d’un style semi-réaliste jouant
sur le noir et blanc, les zones de gris et l’utilisation du rouge.
Personnages attachants, décors réalistes, et ce rouge qui renvoie
au sang, au drapeau anarchiste, aux rouges communistes, bref, à
toutes sortes de sens liés à cette période, claque d’autant plus à
chaque page.

Le
dessin de Bruno Loth crée toujours une sensation de flottement,
comme si les pierres et les personnages n’étaient pas vraiment fixés
sur la page, qu’il pouvait la quitter au moindre coup de vent.

La
composition est assez ample, de une à trois bandes de une à quatre
cases. Mais loin d’être un simple gaufrier, la mise en page de Bruno
Loth joue sur les cases chevauchantes, libres, flottantes, afin de
casser le rythme de lecture. La composition et la mise en scène sont
là pour témoigner des actions plus que pour nous y impliquer. Nous
suivons les événements sans jamais vraiment être pris dedans. Tout
repose sur les personnages qui sont notre dynamique et notre point
d’attache central à l’histoire.



Les
fantômes de Ermo est une BD qu’il ne faut pas hésiter à lire, à
relire et à offrir. C’est un point d’entrée pour comprendre comment
s’est passé le début d’une guerre qui a renversé une république
européenne, juste de l’autre côté de notre frontière…





Zéda
rencontre Ermo !



"L'ORNITHOGHOST", strip de Zéda pour illustrer chronique 7BD sur "Les Fantômes de Ermo T1" de Bruno Loth chez la Boîte à bulles




David

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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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