jeudi 25 avril 2024

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Les rêveries d’un gourmet solitaire de Taniguchi et Kusumi

Les Rêveries d'un gourmet solitaire Casterman

Titre : Les Rêveries d’un gourmet solitaire
Dessins : Jirô Taniguchi

scénario : Masayuki Kusumi
Editeur : Casterman

Collection : écritures
Année : 2016
Nombre de pages : 134



Résumé :

Voici les déambulations d’un homme solitaire avec ses grands appétits de gourmet. Sorti du travail ou lors d’une simple promenade, toutes les excuses sont bonnes à ce gourmand pour trouver un restaurant où s’installer. On découvre ainsi le japon contemporain et surprenant (surtout Tokyo) et sa cuisine traditionnelle (ou pas). Quelques escapades sont illustrées à la fois dans l’environnement (voyages à Paris) mais aussi dans les plats (plats Algérien, Coréen ou Péruvien par exemple…)

Mon avis :

Presque 10 ans après « le gourmet solitaire », Jirô Taniguchi nous revient dans le registre culinaire avec ce nouveau tome des aventures gustatives du personnage de Gorô Inokashira.
L’œuvre de Jirô Taniguchi est vraiment incroyable et très diversifiée, pour ne citer que « Quartier Lointain », « Le Sommet Des Dieux », « Le Journal De Mon Père » ou « Au Temps Du Botchan »… , mais « Le Gourmet Solitaire » reste unique en son genre.

Le livre, la couverture :
Le livre ressemble beaucoup à un classique de littérature, couleur blanc crème avec une couverture épurée et simple. On pourrait croire à un roman.

Les
feuilles sont épaisses et rigides ce qui n’est pas désagréable dans
l’ensemble et cela donne son épaisseur au livre. La typographie dorée
attire l’œil et nous dirige illico sur la typographie noire beaucoup plus imposante afin de bien remarquer le nom de Taniguchi… Belle technique d’accroche.


Les Rêveries d'un gourmet solitaire Casterman Planche 125
Planche 125

 Le dessin, le style, les mises en scène, les couleurs, les effets :
Le dessin de Jirô Taniguchi est beau. Les perspectives sont superbes et les proportions bien gardées. 
Il n’y a que peu d’effets comme de petites estompes pour représenter des fumées… mais le sujet du livre ne se prête pas à l’action, donc il y a peu d’artifices.
 

Tout est en teinte de gris nuancé, fidèle au style manga, avec l’utilisation de trame pour représenter des ombres par exemple….
 

Ce qui est frappant dans le croquis de cet auteur, c’est sa précision et le niveau de détails apporté aux différentes scènes, que ce soit du gros plan ou du plan d’ensemble. Les vignettes sont toujours magnifiques. Le trait est très réaliste, léger et soigné.
 

La représentation des plats est hallucinante, bien qu’avec la cuisine japonaise il peut parfois être difficile de savoir ce qu’il y a dans l’assiette, mais dans notre cas, tout est décrit superbement et cela nous en donnerait presque l’eau à la bouche.
 

Mon petit bémol vient des personnages principaux dont je trouve toujours une ressemblance ennuyeuse. 
D’autre part je ne ressens pas autant d’expression ni d’émotion dans les visages des individus dessinés.
 

Autant le dire tout de suite, je ne suis pas convaincu par les illustrations de ce grand auteur malgré son talent indéniable.
Les Rêveries d'un gourmet solitaire Casterman Planche 10
Planche 10
Le scénario, le découpage :

Il n’y a pas de scénario à proprement parler, mais plutôt une succession d’historiettes avec comme seul fil conducteur : la nourriture.
Donc si vous cherchez de l’action, et bien vous n’en trouverez pas… et ça traîne même parfois en longueur, mais il y a un petit quelque chose qui vous maintient en haleine pour aller au bout du livre. 

Si vous vous lancez dans cette lecture, n’hésitez pas à faire des pauses régulièrement, sinon vous en serez vite blasé.

Vous aurez aussi presque continuellement une voix off qui commentera ses impressions, donnera son avis ou vous fera part de ses sentiments, ses souvenirs, ses envies… Celle du « héros ».
Bref ce manga relate les gros appétits d’un homme ordinaire et solitaire.
Il choisi ses restaurants au grès du vent et ses choix l’emmènent à faire des découvertes culinaires ou des rencontres plus ou moins belles, mais très bien illustrées.

Le découpage est classique avec de nombreuses petites cases qui se succèdent pour finalement aboutir sur des vignettes plus larges offrant à nos yeux ébahis la magnificence du plat servi. J’avoue que, même en ne connaissant pas la cuisine traditionnelle japonaise, par moment, j’ai été tenté de vouloir y goûter.

J’ai aussi beaucoup apprécié les pages d’introduction un peu culturelle, donnant ainsi son importance au récit qui suit.

Hormis cela, je n’ai pas du tout apprécié le bourrage de crâne quasi perpétuel pour condamner l’alcool bien que je ne sois pas un buveur, et à coté de cela notre héros se permet de fumer des cigarettes…

Bon vous l’aurez compris je n’ai pas été emballé, mais cet ouvrage se lit relativement bien, et il ne faut surtout pas y chercher un sens ou une morale car vous tourneriez vite en rond.
Non, il s’agit là juste de descriptions de scènes de vie, certainement avec une part autobiographique, basées sur le thème de la nourriture.

Ciao,
Yann

Ah oui au fait, vous n’avez pas pu manquer la chronique de Juju d’hier sur le même personnage !!!

et allez, en cadeau un petit épisode (N°3) de la série télévisée adaptée du Gourmet Solitaire mais c’est incompréhensible pour la plupart d’entre nous….

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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